À l’appel de l’Offensive Antifasciste Bordeaux, une centaine de personnes se sont rassemblé.e.s dimanche à Bordeaux pour rendre hommage à Clément Méric. Huit ans après son assassinat, nous avons pris la parole pour faire un point sur le verdict du procès en appel des meurtriers de Clément et un état des lieux de l’extrême-droite à Bordeaux, avant de faire une photo de groupe. Nous reproduisons ci-dessous le texte de notre intervention.
« Au terme de deux semaines de procès, le verdict a été prononcé. Esteban Morillo et Samuel Dufour ont été reconnus coupables de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec deux circonstances aggravantes : la réunion et l’usage d’une arme. Tout au long du procès, ils auront tenté de nier leur appartenance à la mouvance néonazie, de dissimuler des preuves, d’inverser les rôles en se faisant passer pour les victimes d’une agression contre laquelle ils se seraient défendus. Finalement, ils écopent de peines moins lourdes qu’en première instance : huit ans d’emprisonnement pour Morillo, cinq pour Dufour.
S’il nous semble évident qu’une reconnaissance de culpabilité des militants de Troisième Voie n’est pas suffisante, ce jugement permet malgré tout de mettre en pièce tout ce que les accusés, l’extrême-droite et certains médias véhiculaient depuis huit ans : non, la mort de Clément ne résulte pas d’une simple « bagarre », mais bien d’une attaque fasciste. Par ailleurs, cette reconnaissance de culpabilité est importante pour la famille de Clément, pour ses camarades. Elle l’est donc aussi pour nous. Maintenant, rendre hommage à Clément, ce n’est pas seulement se satisfaire d’un verdict. C’est aussi poursuivre son combat.
Or, huit ans après, force est de constater que la menace fasciste contre laquelle il luttait continue de progresser. Non seulement le Rassemblement National ne cesse de croître dans les urnes mais en plus, les idées qu’il véhicule se répandent dans toute la société.
Portées par les politiques autoritaires macronistes et les discours de presque toutes les forces politiques, ces idées progressent aussi à mesure que la précarité, les violences et l’isolement s’accroissent.
Cette situation, nous la connaissons aussi localement. Il y a tout d’abord l’activisme de groupuscules fascistes bordelais dont les antisémites de l’Action Française et les nazi.e.s du Menhir (aujourd’hui appelé Bordeaux Nationaliste) constituent les têtes de pont. Il y a aussi la violence sociale et policière que connaissent depuis des années les quartiers populaires du Grand Parc ou encore de Saige, et qui s’est accentuée durant la crise sanitaire. Il y a également la répression des mouvements sociaux, particulièrement violente sur Bordeaux durant les gilets jaunes et la lutte contre le réforme des retraites. Il y a d’autre part la résurgence régulière de la manif pour tous, qui profite à Bordeaux de la présence des catho intégristes de Saint Eloi. Il y a enfin la politique d’évacuation violente et systématisée des squats, en particulier d’exilé.e.s y compris mineurs. Bref, la situation que nous venons de décrire, tant nationalement que localement, montre que les combats de Clément ne font malheureusement pas partie du passé.
Alors, parce que Clément vit plus que jamais dans nos luttes, nous continuerons à préférer une vie de combat plutôt qu’une minute de silence.
Contre le fascisme, riposte populaire ! »