UNI – Bastide Bordelaise : les liens de l’extrême droite à Bordeaux

Suite aux récentes élections étudiantes dans les facultés, nous souhaitions revenir sur un groupe d’extrême droite qui tente de s’afficher plus régulièrement sur les parvis : l’UNI.
Si nous faisons ce choix, c’est aussi pour mettre en lumière les liens que tissent les individus qui composent l’UNI bordeaux avec le groupuscule néofasciste La Bastide Bordelaise.

De qui parle-t-on ?

L’UNI est une organisation d’extrême droite présente dans la plupart des facultés de France et dont les membres se présentent souvent aux élections étudiantes.
Ce groupe véhicule des idées racistes, validistes, transphobes, homophobes, islamophobes… En clair, d’extrême droite.
Il suffit de lire un de leurs tracts pour se rendre compte que toute leur
idéologie est basée sur le sentiment d’insécurité et la réaction.
Leur délégué national affirmait d’ailleurs que la plupart des militants de l’UNI militent pour Génération Zemmour. C’est effectivement ce qui a pu être constaté à Bordeaux.
En outre, dans un précédent article, nous révélions les apprentis fascistes que constituent Génération Zemmour où nous retrouvons un grand nombre de membres de l’UNI…

Fondé en 1969 au siège du Service d’Action Civique (SAC), le service d’ordre de De Gaulle, L’UNI a déjà du mal à s’imposer dans les facultés et fait appel à des nationalistes d’extrême droite (le GUD notamment, allant jusqu’à faire des listes communes avec ces derniers) pour taper des militant-es de gauche.
UNI ou Union nationale inter-universitaire a donc réussi à se maintenir en vie jusqu’à nos jours.
C’est aussi un groupe qui se veut électoraliste [comme le RN ou le parti de Zemmour]. Ils reprennent volontiers à leur compte les termes chers à l’extrême droite tel que l’éradication de « l’islamo-gauchisme » (terme également porté par Macron et le bloc bourgeois). Ce terme pouvant être comparé au « judéo-bolchévisme » des années 30 et 40, rappel que les positions et terminologies de l’extrême droite ne sont jamais anodines.

Ancré dans une idéologie intimement liée au capitalisme et à la bourgeoisie, l’UNI peut se maintenir et se développer grâce à ceux-ci. Nous pouvons retrouver cette proximité doctrinale dans ce que promeut le groupe pour sa campagne électorale ; voulant créer une Banque de stages pour les
étudiant.e.s, ils souhaitent privatiser au maximum les universités et ainsi – outre en empêcher l’accès aux plus pauvres – capitaliser et rendre compétitif la connaissance.
Pour les étudiant-es déjà précarisé.e.s, il faudrait alors contracter des prêts dans une banque étudiante, quel projet !
Les positions anti-sociales du syndicat, timidement cachées, sont pourtant bien assumées lorsqu’il s’agit de lutter en faveur de la criminalisation et répression des mobilisations étudiantes ou des mouvements d’émancipation. Au même titre que l’extrême droite militante puis institutionnelle, l’obsession d’un « ensauvagement de la société » ou de « l’islamo-gauchisme », ses luttes contre l’immigration et le burkini ont fait partie ces dernières années des combats difficilement menés par l’UNI. Enfin, les liens multiples entretenus dernièrement avec Génération Zemmour et des groupuscules néofascistes font partie intégrante de l’ADN de l’organisation.

À Bordeaux

Les militant-es tractent de temps en temps, sur la faculté principalement. C’est un groupe qui se veut majoritairement composé d’étudiant-es et qui a pour objectif affiché la victoire aux élections de celleux-ci.
Objectif affiché seulement puisque les liens qu’ils entretiennent avec la Bastide Bordelaise laissent penser que les intentions si pures qu’ils clament à qui veut bien l’entendre ne sont que fumée.
La Bastide, groupuscule nationaliste identitaire, rassemble en vrac d’anciens militants et militantes de Génération Zemmour, Bordeaux nationaliste, l’Action Française, mais également des membres de l’UNI Bordeaux.
Pour rappel, les exactions de la Bastide sont nombreuses. Ils sont notamment responsables de l’attaque contre la conférence des députés LFI à Bordeaux fin 2022 ou des agressions contre des personnes racisé.e.s dans le quartier Saint-Michel en juin de cette même année (alors encore sous le nom de Bordeaux Nationaliste).

Aussi, ce groupuscule se dit ouvertement fasciste, organisant par exemple une conférence sur le fascisme en septembre 2023, le tout en citant Mussolini. Leur leader multicondamné Yanis Iva, se revendiquait par ailleurs lui-même fasciste dans une interview donnée au journal 20 minutes. Ils arborent régulièrement des drapeaux frappés de la croix celtique, signe de ralliement néofasciste.

Il y a quelque temps, l’OAB informait dans un précédent article que le Saint-
Projet, un bar du centre-ville, accueillait des réunions et soirées de différents
groupes fascistes (les camarades du « Journal rupture » en firent une enquête approfondie). On se rendait alors compte que L’UNI et la Bastide fréquentaient le même lieu.

Dans les faits, quels liens précis ?

En recoupant photos (dispos publiquement) et articles de presse, nous pouvons identifier plusieurs membres de l’UNI comme sympathisant-es ou membres de La Bastide.

Luca Cisilotto membre de l’UNI est aussi un élément actif de la Bastide Bordelaise, il était présent à l’attaque de la conférence LFI le 7 décembre 2022. On le retrouve par exemple à la fois sur les photos de cohésion de l’UNI que sur les entraînements de boxe de la bastide bordelaise ici à gauche.

Il s’entraine également au sein de Karma Fit, structure d’entrainement aux concours de militaires, gendarmes et policiers que côtoient d’autres membres du groupuscule.
Sur la même photo, à la gauche de Luca (en beige), nous pouvons de plus apercevoir Alex, lui aussi militant de la première heure à la bastide bordelaise.

En couple avec Bérénice, sympathisante du groupuscule, on le retrouve sur une des premières apparitions de la bastide bordelaise ainsi qu’à la faculté Montaigne-Montesquieu, matraque télescopique en main.

L’on retrouve aussi Léonore Morel, membre active de l’UNI, sur de nombreuses photos de tractages ou de sorties de l’UNI tout comme c’est le cas avec la Bastide Bordelaise.

Léonore Morel, présente lors d’un collage de
l’UNI au milieu avec la pancarte.

Présente lors d’une soirée rencontre de la Bastide, arborant fièrement un stick de ce groupuscule (1) et se situant juste à côté du porte-parole de la Bastide : Yanis Iva (2).

Déjà présenté dans un précédent article, nous retrouvons également Emeric Dio à « l’apéro de rentrée » de la section bordelaise en octobre 2023.


Émeric Dio en compagnie de Léonore Morel (tout à gauche) à « l’apéro de rentrée » de l’UNI.
Militant actif de Génération Zemmour puis de la bastide bordelaise dès son lancement, Émeric dispose malgré lui d’un physique et de tenues permettant de l’identifier sur de nombreuses actions violentes. On l’identifie donc facilement sur les images de l’attaque de la conférence de deux députés de la NUPES en décembre 2022 ou encore en train de courser une poignée de manifestants en janvier 2022.


Ici en action lors d’une sortie avec la Bastide.

Emeric est un fervent passionné de moto, un coup, c’est le casque, l’autre ce sont les gants coqués.

Autre fait marquant, le 8 décembre 2023, un rassemblement est organisé par l’UNI pour « celébrer la mémoire » de Thomas, jeune homme de 17 ans tué lors d’une fête de village à Crepol. La Bastide Bordelaise s’est rattachée au rassemblement après l’échec de l’organisation d’un premier la semaine précédente, échec résultant de la forte mobilisation des groupes antifascistes bordelais.

L’UNI annonçant leur rassemblement pour propager leurs idées racistes à gauche. La Bastide se rattachant à ce rassemblement, modifiant leur rendez-vous initial à droite.

Les liens que nous décrivons entre ces groupes s’exercent sous forme d’un continuum, allant de la politisation de jeunes réactionnaires aux idées fascisantes, à la mise en œuvre de celles-ci via des groupes d’actions prêts à tout pour les illustrer. Les multiples liens entre l’UNI et les sphères néofascistes et nationalistes révolutionnaires font d’elle une organisation d’extrême droite à part entière et non un simple syndicat étudiant.

Longtemps invisible sur Bordeaux, la nouvelle présence de la Cocarde Étudiante avec qui l’UNI mène une guéguerre concurrentielle à celui qui sera le plus raciste, a poussé ceux qu’on vient de vous présenter à se rendre plus visibles ces derniers mois.
Syndicats, organisations, militant-es ou étudiant-es opposé-es à ces idées réactionnaires, il ne tient qu’à nous de nous opposer au développement de l’extrême droite dans nos facultés. Informons sur leurs exactions, continuons de déconstruire leurs discours racistes et élitistes et soyons présent-es partout où ils chercheront à se montrer.

Le fascisme est un poison, soyons l’antidote.